lundi 9 mai 2011

Fur : Portrait imaginaire de Diane Arbus

© Metropolitan FilmExport
Fascinée par les freaks, l’incongruité et les personnages singuliers, Diane Arbus est l’auteur d’une œuvre photographique parmi les plus marquantes du siècle dernier. Lorsque le film s’ouvre, on la trouve sur le point d’immortaliser l’un de ses clichés les plus fameux. Un couple de naturistes assis dans leurs fauteuils d’osier. Une mèche de cheveux (une touffe de poils ?) emprisonnée dans un médaillon impulse un flashback.
Trois mois plus tôt Diane n’est encore que l’assistante de son mari, un photographe de mode plus branché par l’efficacité publicitaire que par les considérations artistiques. Elle s’ennuie, corsetée dans son quotidien. Un soir, elle surprend son nouveau voisin, Lionel. Vêtu d’un masque noir et rouge, il l’intrigue. Quelques jours plus tard, elle va à sa rencontre.

Diane quitte alors progressivement son costume de femme au foyer pour celui d’artiste. Le basculement s'effectue par mouvements successifs. Il y a d’abord cette fascination pour Lionel qui souffre d’hypertrichose. Comprendre : une pilosité anormale lui recouvre tout le corps. Puis, peu à peu, Arbus, initiée par ce voisin, révèle son penchant pour l’étrangeté avant de l’assumer pleinement. Fur narre l’éclosion d’une femme qui décide de s’accomplir en tant qu’artiste. La relation particulière qu’elle noue avec Lionel, le monstre de foire, est une allégorie de cette mue. Les allers-retours entre le domicile conjugal -aux tons pastels aseptisés- et l’appartement du dessus –décor quasi onirique où se mêlent art gothique, dadaïste et surréaliste - se succèdent. Au fur et à mesure que les rapports entre Arbus et Lionel s’approfondissent, la sérénité s’installe et une artiste nait.

Fur laissera circonspect les spectateurs peu enclins à goûter aux métaphores. Anti-biopic, le film de Shainberg est un exercice de style tentant de nous faire éprouver le cheminement intérieur d’un artiste. Comme une dissection des racines d’une Oeuvre. En cela, cette ébauche est une réussite qui nous transporte constamment d’un état de répulsion à un état de fascination. Exactement le genre d’impressions provoquées par les photos de Diane Arbus qui a érigé l’étrangeté en canon de beauté.



 

Fur : Portrait imaginaire de Diane Arbus
(Fur : An Imaginary Portrait of Diane Arbus)
Etats-Unis, 2005.
D’après l'oeuvre de Patricia Bosworth. Réalisé par : Steven Shainberg.
Avec : Nicole Kidman, Robert Downey Junior…

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