mardi 17 mai 2011

The Tree of life

© EuropaCorp Distribution
Pas de consensus mou pour The Tree of life ! Des uns crient au génie, d’autres, à l’imposture, mais ce qui est sûr, c’est que le cinquième long de Terrence Malick ne cherche pas à plaire à tout prix. Il ne prend jamais le spectateur par le bras, ne se veut jamais faussement aimable. Si on se laisse embarquer dans ce trip métaphysico-poétique, tant mieux. Si on reste à quai, tant pis.

On retrouve les principales caractéristiques du cinéma contemplatif de Malick : la nature, les éléments, la spiritualité, la beauté des plans, la force des images. Mais le réalisateur effectue un pas (une foulée, même) supplémentaire vers davantage de radicalité. D’un côté, il y a Jack. Aîné d’une fratrie, il a grandi dans l’Amérique pavillonnaire des 50’s, entre une mère bienveillante et un père partisan d’une éducation à la dure. Un drame emportera l’un de ses frères. De l’autre, il y a... Quoi, au juste ? Des cellules, des volcans en éruption, des dinosaures. Une espèce d’imagier de la Création qui surgit dix minutes à peine après le début du film. De quoi désarçonner le spectateur ne voulant se fatiguer à tenter de comprendre le sens de cette digression. Puis l’on retrouve la famille, ses petites histoires et la question qui turlupine Jack : pourquoi ferai-je ce que me dit mon père s’il n’applique pas ses principes à lui-même ? A vrai dire, cette trame intime n’a qu’un intérêt tout relatif.

Alors, le ton emphatique est susceptible d’agacer et l’on peut rester circonspect face aux envolées New Age, mais The Tree of life est traversé de telles fulgurances visuelles et bouffées d’émotions symphoniques qu’il restera immanquablement en mémoire comme un objet fascinant.





The Tree of life
Etats-Unis, 2011.
Réalisé par : Terrence Malick. Avec : Brad Pitt, Jessica Chastain, Sean Penn ...


lundi 16 mai 2011

Minuit à Paris

© Mars Distribution
Après Londres et Barcelone et avant Rome, Woody Allen a donc délocalisé sa caméra à Paris. Dans ses bagages, il a emporté tous les clichés romantiques que la ville lumière inspire aux Américains. Bateaux Mouche, Tour Eiffel et Champs-Elysées, au soleil, sous la pluie, à midi ou à minuit : les lieux-communs liés à la capitale défilent dans le pré-générique. Avec ces cartes postales animées, surgies d’un catalogue de l’Office de tourisme, Allen annonce la couleur. C’est sous les auspices de cette vision idéalisée de Paris que se déroulera l’heure et demi à suivre.

Le Paris de la Rive Gauche et de ses écrivains, des chambres de bonnes et de la vie de Bohème,  des garçons de café exécrables et des filles charmantes : voilà ce qui fait rêver Gil (Owen Wilson).  Ce scénariste est venu passer quelques jours en France avec sa future femme et ses beaux-parents. Si cela ne tenait qu’à lui, il s’installerait dans une mansarde et nourrirait son premier roman de ses flâneries à Montmartre. Un programme qui n’enthousiasme pas du tout sa fiancée, Inez (Rachel McAdams), aussi charmante que pète-sec. Elle, préfère les virées à Versailles et les visites de musées, escortée par Paul, l’un de ses amis, horripilant monsieur-je-sais-tout.

Assez rapidement, Gil va fausser compagnie à cette clique qui l’insupporte et avec lequel, au fond, il a peu en commun. Pour ne pas esquinter le plaisir de la découverte, mieux vaut taire –comme le fait si bien la bande-annonce - la nature précise des escapades du jeune homme. On se contentera de dire que Gil découvre un Paris de rêve. Chacune de ces échappées, où les poncifs se succèdent, pourra faire soupirer d’agacement le spectateur. Cependant, les gros traits de la caricature sont parfaitement assumés et voulus par Allen puisque Minuit à Paris se pare, lors des échappées de son héros, des caractéristiques du film-cerveau. Autrement dit, on se retrouve spectateur des divagations mentales et parisiennes de Gil. Il est donc logique que ce soient des poncifs qui structurent cette balade fantasmatique.
Aussi, si l’on rit peu, on s’amuse beaucoup, pour peu que l’on apprécie la fantaisie qui enrobe cette déclaration d’amour à Paris. Mais cet hommage, ce regard en permanence bienveillant sur la capitale, est aussi la limite du film. Comme si le charme de la ville avait anesthésié le mordant de Woody. Loin d'atteindre le niveau du londonien Match Point (2004), cette étape française est tout de même à ranger parmi les bons millésimes alleniens.





Minuit à Paris
(Midnight in Paris)
Etats-Unis, 2011.
Réalisé par : Woody Allen. Avec : Owen Wilson, Rachel McAdams, Marion Cotillard, Michael Sheen...