vendredi 6 mai 2011

Agora

© Mars Distribution
Après le thriller, le fantastique et le drame, Alejandro Amenábar a choisi de tâter du péplum. Son ballet de toges et de sandales ne manque pas d’ambition. Mais il n’est pas sûr que cet Agora , film le plus cher de l'histoire du cinoche ibérique, devienne une référence du genre.
Hypatie, avait de quoi titiller l’intérêt d’un cinéaste. Méconnue, cette mathématicienne et philosophe, aussi érudite que belle et charismatique, selon les éléments biographiques pouvant être glanés ci et là, a connu une fin des plus dramatique. Un destin de la trempe de ceux que le grand écran aime à accueillir. D’autant plus qu’il est lié aux querelles entre juifs et chrétiens, dont Alexandrie a été le théâtre au IVe siècle. Comprenez : pourquoi ne pas en profiter pour esquisser un parallèle entre cette tranche d’histoire et notre époque actuelle ? De l’intégrisme religieux à l’opportunisme en politique en passant par la place de la femme dans la société, les thèmes brassés par le film ne manquent pas. Mais l’entreprise se révèle vaine Amenábar ne démontre rien que le spectateur ne sache déjà.

Le problème majeur de l’ensemble, c’est qu’Agora donne l’impression de réunir deux films en un, tant il peine à lier le parcours de l’héroïne au contexte historique. D’un côté Hypatie l’agnostique, absorbée par ses recherches en astronomie ; et de l’autre, les conflits religieux qui secouent la cité. Aussi, quand ces deux lignes narratives se rejoignent, c’est un sentiment de superficialité qui prédomine. Et l’émotion qui aurait pu s’échapper des (rares) scènes fortes reste alors bien discrète. La faute également aux deux principaux rôles masculins, aux caractères hâtivement dessinés. Oreste, ancien élève d’Hypatie, devenu préfet impérial et Davus, personnage entièrement inventé, un esclave de la mathématicienne converti au christianisme. Tous deux, bien qu’amoureux de la jeune femme et éconduits (la légende veut qu’elle soit restée vierge toute sa vie), manquent cruellement d’épaisseur.

C’est au détour des scènes montrant Hypatie en pleine réflexion sur la rotation de la Terre autour du soleil qu’Agora s’avère véritablement digne d’intérêt. Ces instants, qui figurent parmi les plus intimistes du film, sont paradoxalement ceux qui ont le plus de souffle. Le reste ressemble davantage à ce que pourrait donner l’adaptation cinématographique d’un extrait d’ « Alexandrie pour les nuls ». Les faits principaux sont à l’écran, mais il faut signaler que la séquence finale paroxystique, impliquant le fictif Davus, est purement imaginaire. Quand Amenábar n’a pas réinventé l’histoire, il s’est contenté d’en rester à la surface. Dommage.



 


Agora
Espagne, Malte, 2009.
Réalisé par : Alejandro Amenábar.
Avec : Rachel Weisz, Max Minghella, Oscar Isaac…


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