dimanche 8 mai 2011

La science des rêves

© Gaumont Columbia Tristar Films


Dans la tête de Stéphane, il y a un studio télé en carton. Un atelier de travaux manuels dans lequel il se réfugie, non pas pour fuir la réalité, mais pour la sublimer, créer un monde qui lui appartient et qui le rassure. Ce n’est pas pour autant un univers aseptisé ; la bizarrerie occupe une grande place dans son cerveau bouillonnant. Deux ans après Eternal sunshine of the spotless mind, chef d’œuvre de maîtrise scénaristique et de mise en scène, labellisé « classique » dès sa sortie, Michel Gondry offrait un troisième long métrage emballant par sa sincérité.

Sans jamais être gnangnan, Gondry tricote une histoire d’amour entre un Pierrot lunaire franco-mexicain, engoncé dans des vêtements étriqués, bonnet péruvien vissé sur le crâne, et sa voisine, une fille qui le séduit « parce qu’elle fait des choses avec ses phalanges ». Rien de graveleux là-dedans : elle est artiste. L’esprit créatif, ça crée des liens.

Manque de bol, l’habileté au collage et au macramé ne suffit pas à forger un couple. Les malentendus, les incompréhensions, et les paroles malheureuses ne peuvent s’empêcher de gripper la belle mécanique. Aussi, le canevas de cette carte amoureuse se tisse dans la difficulté. Plusieurs fois sur le métier il faut remettre l’ouvrage. Défaire pour mieux reconstruire. Et quand la tâche est trop ardue, faire une pause et se retrouver avec soi-même. D’où la nécessité pour Stéphane de retourner se lover régulièrement dans son cocon fantaisiste, fait de bouts de laine et de cellophane. Un univers enfantin apaisant mais jamais puéril. Le jeune homme pourrait être un Peter Pan urbain du deuxième millénaire. Agaçant quand il se fait boudeur, touchant quand il met en marche ses inventions farfelues telles que la machine à remonter le temps d’une seconde.

Entre songes, cauchemars et réalité « surréaliste », La science des rêves est une comédie romantique atypique (c’est un euphémisme), à la fois cynique et candide, qui sent bon la colle Cléopâtre. Un film attachant comme ses personnages. Mention spéciale pour Alain Chabat qui incarne un Guy à la vulgarité poétique. Un mec qui rappelle les gouailleurs du cinéma populaire français des années 1930 et 1940. Un film dans lequel on se retrouve forcément puisqu’il fait appel au gosse en chacun de nous et à l’adulte que nous ne serons jamais vraiment.

 

La science des rêves
(The Science of Sleep)
France, 2005.
Réalisé par : Michel Gondry. Avec : Gael Garcia Bernal, Charlotte Gainsbourg, Alain Chabat, Miou-Miou...

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